Légendes Percheronnes

LA LÉGENDE DE LA BOURBONNAISE

Margon, près de Nogent le Rotrou est singulièrement lié à cette légende toujours vivante et réactivée, chaque année à l’occasion de la fête du village. Le dernier samedi de juin le mannequin de Marguerite de Radray, dite la Bourbonnaise, est mis sur le bûcher et brûlé devant la foule rassemblée sur les bords de la Cloche.
Cette légende qui relate des faits qui se seraient déroulés au moment des croisades, en plein cœur du Moyen-âge a été l’objet de bien des interprétations.

“Notre fête de la Bourbonnaise sera belle et populaire, ce samedi soir”, promet Francis Goudet, président du comité des fêtes de Margon.  “Nous restons fidèles à la tradition. Comme tous les ans, tous les derniers week-ends de juin, depuis des temps que l’on ne compte plus, nous fêtons la Bourbonnaise. C’est notre fête communale, notre moment de joie, de plaisir.”

 

La bourbonnaise de Margon par Georges Fauquet:

C’est à une grande enquête que nous convie Georges Fauquet. Quelle est la vérité sur la Bourbonnaise de Margon ? Faut-il croire la légende ?

Partant en croisade, un sire de Courcelles recommande à sa femme de ne donner la main de leur fille unique, Renée ou Sophie, selon les versions, qu’au porteur de l’anneau et du consentement paternel. Parmi les deux prétendants, l’un, baron de la Manorière, était le chevalier servant de Marguerite de Raderai, châtelaine de Margon. Jalouse de l’amour qui ne tarda pas à unir la jeune fille et le baron, et furieuse d’être éconduite, la méchante femme mit en place un stratagème qui aboutit au mariage de Renée avec l’autre prétendant, le comte de Nogent. Sur son lit de mort, celle-ci confessa son crime.

L’époux de Renée fit instruire son procès. Le châtiment des faussaires fut prononcé : le cadavre de la châtelaine dut subir le supplice du feu. La sentence voulait également que chaque année l’effigie de Marguerite soit brûlée pour perpétuer l’exécration de la mémoire de la châtelaine. À partir de cette première version, l’auteur, pas à pas, s’emploie à démontrer que cette histoire n’est qu’une légende qui ne repose sur aucune vérité historique.

Les personnages n’ont laissé aucune trace dans de quelconques archives. Les anachronismes sont nombreux, comme les armes du sire de Courcelles avant les premières croisades. Présentant ceux qu’il qualifie de chroniqueurs, mais surtout pas d’historiens, l’auteur s’insurge contre leur faculté à reprendre des informations qui, non seulement ne sont pas vérifiées mais surtout sont déformées, pour aboutir à des interprétations totalement incompatibles avec un traitement sérieux de l’histoire.

Au final, l’oeuvre de fiction de Mme Pizieux, dont l’auteur révèle au grand jour l’opportunisme, « hypnotisant le chroniqueur, suppléant à tout, à l’histoire, à la raison, au simple bon sens » ne résista pas aux assertions irréfutables du président Giroust. Car « c’est le sort de toutes les poétiques légendes d’être un jour ou l’autre écrasées sous le pied brutal de la prosaïque réalité ».